
Unabomber, acrylique sur toile, 2024
L'inflorescence rose vibrante, une explosion végétale devant la froideur architecturale et contemporaine des tours sombres, les black swans, blocs de métal, de verre et de plastique, parangons d'une certaine modernité urbaine.
L'arbre est ici comme révolté, en conflit avec son environnement. Le contraste vivide des couleurs, l'opposition toute actuelle du végétal et du culturel m'apparait comme évidente, essentielle. Cet arbre est une bombe en pleine détonation, le souffle d'une déflagration florale figée l'espace d'un printemps.
Je ne peux m'empêcher de penser à l'Unabomber, Theodore Kaczyniski, l'homme qui envoyait des bombes par la poste aux États-Unis dans les années 80 et 90. Il s'est battu, selon ses écrits, contre la technologie et les aliénations que le progrès fait et fera subir à l'humanité. Celles d'une société technologique qui nous privera de notre liberté et de notre humanité.
Cet arbre est-il une nouvelle détonation de l'élan anti-technologique ? Est-il une forme de cette révolte néo-luddiste ? Une expression que, malgré le béton, le goudron et l'acier, le bourgeon perdurera ? Que la beauté de quelques fleurs surpasse celle de nos villes ? Pourtant, cet arbre n'est pas apparu ici de lui-même. Ce n'est pas un buisson sauvage, un colon d'épines et de pugnacité, qui aurait, au fi de tout débroussaillage, poussé ici. Cette rencontre est-elle un hasard, ou le fruit d'urbanistes-paysagers malins ?
Je ne le sais pas, ce n'est peut-être pas si important que cela. En tout cas, cette révolte est encadrée, maîtrisée. Elle est mise en scène et autorisée par le cadre de la ville.